Autour de the Tomb of Dracula :
Frank Drake un lointain descendant du comte Dracula se laisse convaincre par un de ses amis, Clifton Graves, de transformer le château de son ancêtre en une attraction touristique. Clifton et Jeanie, la petite amie de Frank, partent en Transylvanie pour évaluer le montant des travaux à réaliser. Une fois arrivé au château Clifton découvre la tombe de Dracula. Sans le savoir il va permettre au comte de renaître à la vie. Régénéré par le sang de sa victime et ayant sous son emprise Jeanie, Dracula une fois de plus triomphe de la mort et du temps qui passe. Peu de temps après Frank découvre le drame qui s’est déroulé en son absence, il décide alors de tout faire pour se venger du comte.
Nous sommes en avril 1972 Stan Lee vient de lancer une nouvelle série : the Tomb of Dracula dont vous venez de lire le résumé de la première histoire. Marvel avait testé le marché avec le personnage de Morbius the living vampire (voir spider man numero 101). Convaincu par le succès de Morbius mais aussi par celui de Werewolf. Stan Lee sur les conseils de Roy Thomas se dit que les fans de Marvel aimeront une histoire autour du comte Dracula. Au début des années 1970 le comic code authority n’est plus aussi sévère avec les histoires de monstres qu’il l’était dans les années 50, il n’y a donc là aussi pas de souci à se faire. De plus le succès du personnage du Spectre chez DC pousse Marvel à se lancer dans l’aventure de Dracula. En effet Stan Lee voit avec the Tomb of Dracula l’occasion de répondre à DC.
C’est Neal Adams, grand spécialiste en monstres devant l’éternel, qui est chargé de dessiner la couverture du premier numéro.
Gene Colan dessinera de son côté les histoires de cette nouvelle BD. Colan dans sa récente biographie (Secrets in the Shadows, twoMorrows Publishig 2005) raconte combien il à dû se battre pour avoir l’accord de Stan Lee. En effet à l’origine c’est Bill Everett qui est désigné comme étant le dessinateur de Dracula. Mais à 45 ans Colan qui à tout donné avec Daredevil et Docteur Strange veut désormais se faire plaisir, et justement Dracula est un personnage qui l’inspire. Alors Colan décide de dessiner et d’encrer lui même une planche entière ainsi que d’autres dessins afin de montrer à Stan Lee à quoi pourrait ressembler Dracula si on lui confiait ce personnage.
Le résultat final impressionne Stan Lee qui décide donc de confier le travail à Colan. Ce dernier à déjà une longue expérience en matière de monstres, revenants et autres vampires. Il a même travaillé sur des histoires similaires avec des titres comme The Tomb ou bien he wished he was a vampire. Pour Dracula, Colan s’est inspiré de l’acteur américain Jack Palance (qui vient d’ailleurs de décéder cette année). C’est en le voyant jouer le rôle principal dans le téléfilm Jeckyl and Hyde que Colan se dit qu’il à trouvé le modèle pour le visage de son Dracula. Ironie du sort peu de temps après Jack Palance interprétera le personnage de Dracula au cinéma. Enfin Gerry Conway l’un des scénaristes les plus en vu du moment travaillera lui aux histoires. Bref tout semble annoncer un nouveau succès pour Marvel.
Jack palance
Pourtant cette nouvelle série commence bien mal, en effet dés les premières histoires les lecteurs écrivent pour se plaindrent. The tomb of Dracula (qui devait d’ailleurs initialement s’appeler the House of Dracula) ne fait pas l’unanimité. Stan Lee n’en revient pas, mais il comprend que les lecteurs ont raison. En effet le dessin est trop épuré (l’encrage de Vince Coletta ne fait pas ressortir le style de Colan et l’atmosphère de l’histoire n’est pas rendue comme Colan le voudrait). De plus Dracula porte une courte barbe qui lui donne un air bizarre et son look général n’est pas à la hauteur du personnage. Un lecteur écrit même que la seule chose qu’il trouve bien : c’est le potentiel de l’histoire !
Aussitôt Marvel réagit et dans le numéro 3 de the Tomb of Dracula c’est Tom Palmer qui aura désormais le soin d’encrer Colan. Les deux hommes se connaissent bien pour avoir travaillé ensemble sur Daredevil ou Docteur Strange. Le changement est radical, Dracula devient le personnage souhaité par les lecteurs : le prince de la nuit.
Dracula ne conserve plus désormais qu’une simple moustache en souvenir de son rang d’aristocrate et les amples mouvements de cape rappellent dans l’imaginaire des lecteurs tout le charisme d’un docteur Strange. Mais le changement le plus important va se produire avec le numéro 7 de la série lorsque Marv Wolfman se voit confier le soin d’écrire les scénarios. En fait Wolfman (un nom pareil ça ne s’invente pas) arrive avec en tête une idée bien précise : pour lui ce sont les personnages autour de Dracula qui rendront le comte fascinant. En effet il faut créer des personnages dignes de ce nom face à Dracula si l’on veut faire ressortir toute la puissance du prince des vampires.
Frank Drake continue donc sa croisade contre Dracula pour se venger de son ancêtre mais désormais sa route va croiser celle d’un groupe de chasseurs de vampires. Wolfman imagine ainsi Quincy Harker (le descendant de Jonathan Harker, ce qui permet très habilement à Wolfman de relier the Tomb of Dracula à l’histoire originale écrite au XIXéme siècle par Bram Stoker). Quincy Harker est un personnage complexe : cultivé, ingénieux et tourmenté, plus qu’un simple chasseur il est le mentor du groupe (et comme charles Xavier chez les Xmen il se déplace dans un fauteuil roulant). A ses côtés sa fille Edith, c’est l’indispensable élément féminin du groupe, et son rôle sera des plus importants dans l’histoire de the Tomb of Dracula. Mais c’est avec le numéro 10 de la série que va apparaître le chasseur le plus implacable. Wolfman imagine en effet le personnage de Blade. Bien que le Blade de the tomb of Dracula soit assez différent de celui présenté au cinéma, l’on retrouve néanmoins plusieurs points communs : Blade est un américain d’origine africaine, il utilise de nombreux équipements, il pratique les arts martiaux et il se révèle être un véritable maître dans le combat à l’arme blanche. Enfin et surtout Blade est « le » vampire slayer, « le » chasseur de vampire du groupe toujours à l’affût, toujours sur les traces de Dracula. Là encore c’est un acteur américain, spécialiste des films d’action : Jim Brown, qui servira de base à Colan pour dessiner Blade.
Jim brown
J’en profite pour attirer ici votre attention, regardez bien les photos de la sculpture de Jean Saint Jean car on voit au pied de Dracula la ceinture de couteaux de Blade, un clin d’œil plutôt sympathique de la part de Diamond Select.
La prédiction de Stan Lee se réalise enfin : the Tomb of Dracula devient l’un des titres qui se vend le mieux.
Fort de ce succès deux magazines en noir et blanc et en grand format verront le jour : le premier s’appelle Dracula Lives ! et le second qui débutera en octobre 1979 s’appelle également Tomb of Dracula. Cependant les histoires sont indépendantes de la saga de the tomb of Dracula. Il s’agit simplement de différents récits concernant Dracula ou d’autres vampires.
Quant à la saga initiale de the tomb of Dracula elle demeure aujourd’hui encore pour les spécialistes l’un des meilleurs titres de la décennie des années 70. La collaboration Colan/Wolfman/Palmer aura fait les beaux jours de Marvel pendant cette période, mais au bout de 70 numéros the tomb of Dracula s’arrête.
A la grande surprise des lecteurs une fin est ainsi imaginée pour mettre un terme aux aventures de Dracula. En réalité au fil des ans le goût des lecteurs a évolué et désormais dans les années 80 s’annonce avec Star Wars le triomphe des histoires de science fiction…
Dracula lives again !!!
Avec le final spectaculaire du numéro 70 tout le monde pensait en avoir fini avec Dracula, d’ailleurs le mythe des vampires on l’a dit ne faisait plus recette que ce soit en BD ou au cinéma. Pourtant avec les histoires de vampires il faut toujours s’attendre à une résurrection, Dracula nous fait donc l’honneur de revenir à nouveau parmi nous. Cette fois nous sommes en 1992 et Francis Ford Coppola à injecté du sang neuf (si je puis dire) à Dracula en sortant au cinéma un film dont l’esthétisme éblouissant marquera toute une génération d’adolescents (dont votre modeste serviteur). Aussitôt chez Marvel on se dit qu’il y a sans doute matière à tenter quelque chose, mais ce sera davantage un clin d’œil qu’un véritable come back. Différentes histoires (Day of blood, night of redemption) toujours écrites par Wolfman et dessinées par Colan sortiront à cette occasion publiées par Marvel Epic. Et comme Dracula est passé maître dans l’art de survivre mais aussi dans l’art de se transformer il fera une nouvelle fois une apparition à la fin des années 90 mais cette fois dans une nouvelle série pour Dark horse : the curse of Dracula, que je ne cite que pour mémoire car elle s’éloigne de notre sujet. En effet ce nouveau Dracula a subi un changement complet : il est beaucoup plus jeune (une vingtaine d’année) il est plutôt dans le style gravure de mode aux cheveux courts et évidement il ne porte plus de moustache mais l’essentiel n’est pas là. En effet au fond ce qui compte c’est ce qui nous est dit dans le 70éme numéro de the Tomb of Dracula :
« Dracula was a man…and never should that be forgotten »
The end?
Les lectures:
Si ce n’est pas déjà fait, je me permet de vous conseiller d’abord de lire l’édition U.S de la saga de the tomb of Dracula (en plus elle est désormais disponible en showcase donc vous n’avez plus d’excuses !)
Au passage je met ici un petit lien sur Gene Colan :
http://www.genecolan.com/commart_drac.htm
Pour ceux ensuite qui préfèrent les histoires en français, ou qui aiment les vieilles éditions d’époque, en France on peut trouver différentes publications :
-Dracula, comics pocket format 13x19 cm
(Début de la série 3éme trimestre 1974, dessins en noir et blanc, 25 numéros de parus)
Il est à noter que certains numéros de cette série sont excessivement difficiles à trouver, ainsi le numéro 3 par exemple. Il semble qu’il y ait eu un tout petit tirage.
A ce jour Dracula chez comics pocket demeure la meilleure édition française de the tomb of Dracula. Cependant la cohérence (ainsi le numéro 19 de Dracula comics pocket malgré son titre et sa couverture ne comporte pas d’aventures de Dracula !) et le souci narratif n’ayant jamais été l’apanage de comics pocket, on doit déplorer le fait que la série ne soit pas complète. En effet la série s’arrête au numéro 43 de the tomb of Dracula.
-L’insolite, comics pocket format 13x19 cm
Aux Etats-Unis, pour le meilleur et pour le pire aussi parfois, il existe des numéros spéciaux (Marvel treasury, Marvel Giant size etc…) Dracula n’échappe pas à la règle il aura donc droit à une édition spéciale, ce sera : Tomb of Dracula Giant size.
L’édition américaine sera partiellement reprise en France en comics pocket dans la collection l’insolite (février 1977). Là encore c’est une édition incomplète et pas vraiment indispensable non plus, surtout que don Heck (au secours !) dessine le plus souvent les histoires. Dracula sera ainsi présent dans les numéros 1,3 et 5 en comics pocket, les autres numéros seront consacrés à Werewolf. Le moins que l’on puisse dire c’est que ce mélange est en effet vraiment insolite !
-Dracula Artima color Marvel/Superstar format 18x26 cm
(Début de la série 2éme trimestre 1980, dessins en couleurs, 11 numéros de parus)
Avec ce nouveau format en couleur Artima décide de poursuivre la suite des aventures de the tomb of Dracula. Le numéro 1 reprend donc la série là où elle s’était arrêtée chez Dracula comics pocket au numéro 44.
Cependant comme d’autres titres parus dans la même collection (les Vengeurs, Docteur Strange, Thor, Namor etc…) la qualité n’est hélas pas au rendez-vous. En effet au niveau de l’impression les couleurs bavent de partout. Le dessin original est saboté par ce mauvais traitement, un vrai cauchemar pour les yeux.
Reconnaissons cependant à Artima color le mérite d’être allé cette fois jusqu’au bout de la saga de the tomb of Dracula en publiant le numéro 70 dans son numéro 11 de 1983. « L’ultime confrontation » titre du dernier volet de la série permet ainsi aux lecteurs français de découvrir le dernier combat entre Dracula et Quincy Harker.
- Terreur de Dracula France Sud format 20,5x 27,5 cm
(début de la série ? dessins en noir et blanc, 3 numéros seulement de parus)
Terreur de Dracula est tout simplement l’adaptation française du magazine U.S Dracula Lives.
France Sud, éditeur spécialisé dans des revues pour adultes, à semble-t-il eu des problèmes de droits avec Marvel pour sortir Dracula et l’édition française s’est finalement achevée au bout de 3 numéros.
On y trouve diverses histoires autour de Dracula. Il s’agit de courtes histoires dont les scénarios et les dessins sont de qualité très inégale. De nombreux artistes participent au dessin : Tony de Zuniga, George Tuska, Virgilo Redondo etc…
Mention spéciale à Steve Gan dont les dessins sont superbes, il est vrai qu’il fut souvent l’encreur de John Buscema sur Conan. Dans ses dessins on retrouve d’ailleurs la même atmosphère. En des temps anciens Dracula affronte glaive à la main ses adversaires lors des invasions en Transylvanie, au passage sur sa route il croise aussi différents sorciers et quelques intrigantes jeunes femmes à la beauté fatale. Bref un Dracula à la sauce Conan mais qui ne manque pas d’allure.
Ainsi se termine cette petite bibliographie sur the tomb of Dracula en France.
P.
Sujet: Marvel Milestones Tomb of Dracula 
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